En utilisant le collodion, récemment inventé, le chimiste René Dagron (1819-1900) parvenait à obtenir des films d'une remarquable finesse. De tels films pouvaient ainsi recevoir de très petites images : agrandies à un fort grossissement, aucun défaut n'y apparaissait. Dagron exposa ses premières microphotographies, en 1859, au Palais de l'Industrie. D'autre part, il lui vint à l'idée d'encastrer
dans des breloques un « microscopique bijou à effet stéréoscopique » qu'il suffisait de coller à l'œil pour que celui-ci s'émerveillât de voir un paysage en relief occuper tout son champ.
La guerre de 1870 fournit à Dagron l'occasion d'utiliser ses procédés à des fins plus sérieuses. Paris investi n'avait, pour agents de liaison avec le reste de la France, que les pigeons voyageurs. La Défense nationale chargea Dagron de mettre au point la reproduction, aussi exiguë que légère, des messages qui leur seraient confiés.
Il fit mieux encore : il réussit à quitter
Paris en ballon et à installer un centre de renseignements à Tours, puis à Bordeaux. Le premier pigeon, lâché de province, qui atteignit la capitale, apporta d'un coup 23 000 dépêches sur collodion. Dagron était, en effet, parvenu à réduire la surface de 16 pages in-folio — le format du Journal Officiel — contenant la matière de 2 à 3 000 dépêches, à celle d'une pellicule de
5 cm sur 3.
Le microfilm triomphe aujourd'hui des difficultés du classement de la documentation en la condensant à l'extrême. Il rend en maints domaines — voire à l'espionnage — d'inestimables services.
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