e en dehors des éclipses — phénomènes si brefs et si rares que les observations effectuées au cours des cent dernières années ne représentent au total qu'une durée de huit heures... Le coronographe réalise une éclipse artificielle en masquant l'image du Soleil, obtenue par une lentille, à l'aide d'un écran circulaire qui déborde cette image de quelques dixièmes de millimètre. La lumière solaire que cet écran réfléchit est rejetée à l'extérieur, afin d'éviter tout échauffement de l'air à l'intérieur de l'instrument. Ce qui subsiste de la lumière ainsi éclipsée traverse une autre lentille, laquelle donne une image qui se forme sur un diaphragme à iris. Un dernier objectif forme l'image sur une plaque photographique de l'écran obscur et du ciel lumineux aux alentours immédiats du Soleil. Avec le coronographe, il est ainsi devenu possible de voir en tout temps la chromosphère, les protubérances, avec la caractéristique couleur rose qu'elles présentent au cours des éclipses totales, et d'obtenir des images directes, en interposant un écran rouge sur le trajet des rayons lumineux et en employant des plaques spéciales à fort contraste. Grâce à des artifices optiques de la plus subtile ingéniosité, Bernard Lyot devait même parvenir à réaliser, avec des images photographiées à la cadence d'une toutes les deux minutes, une véritable cinématographie de la couronne, et l'on peut le saluer comme le premier cinéaste du Soleil. De tels films révèlent des spectacles d'une bouleversante beauté. Vision sans précédent que celle de cette prodigieuse effervescence solaire, de ces explosions formidables, de ces vastes retombées de substance lumineuse en impeccables paraboles ou leurs échappées selon des trajectoires hyperboliques qui révèlent que les mêmes lois mathématiques s'appliquent à tous les événements de l'Univers.
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