Au xix® siècle, cette caractéristique atteignit son paroxysme avec la montée du capitalisme, pour lequel tout loisir signifiait absence de profit. Harassés par les conditions de travail très dures qui leur laissent à peine le temps
de renouveler leur force de travail, les ouvriers luttent alors sans relâche pour de meilleures conditions de vie et pour la réduction de la journée de travail, qui passe ainsi de quinze heures à douze heures (1848), puis à dix heures (1900) et enfin à huit heures (1919). Dans ces conditions, tout loisir était fainéantise et paresse, même pour les enfants. Ce n’est qu'en 1936 que la société se reconnaît le droit au loisir, droit au repos avant tout, en accordant aux travailleurs douze jours de congés payés par an. Aujourd’hui, les loisirs sont devenus une industrie prospère, et, sur l’année, le temps de loisir tend à être aussi important que celui de travail. Un temps bien occupé Pourtant, le temps dont disposent les actifs en dehors de leur journée de travail rémunéré est loin d’être dans sa totalité un temps de « loisir ». Les économistes considèrent, en effet, que le travail domestique est une donnée non négligeable de l'emploi du temps. Le travail domestique, qui groupe les activités ménagères (cuisine, vaisselle, ménage, lessive, repassage, raccommodage, rangement, courses, jardinage) et les soins aux enfants (jouer avec eux, les aider dans leur travail, les faire manger, les laver) représente un travail, qui, pour n’être pas rémunéré, n’en est pas moins une donnée économique incompressible. D’après les enquêtes de l’I.N.S.E.E. (Données sociales, 1984), pour un couple ayant deux enfants, l'homme travaille en moyenne 55 heures par semaine (42 heures de travail professionnel et 13 heures de travail domestique), et la femme 65 heures (26 heures de travail professionnel et 39 heures de travail domestique). Le temps de loisir est ce qui reste une fois déduits le temps de travail professionnel et domestique (60 heures en moyenne), le temps de sommeil et des soins personnels (75 heures par semaine), et les trajets non liés au travail (6 heures) : sur une semaine de 168 heures, il reste donc, en moyenne, 27 heures de temps de loisir. Cette moyenne ne doit pas cacher les écarts : une femme vivant en couple sans enfant et ne travaillant pas a environ 38 heures de loisir (tout comme un jeune homme seul), tandis qu'une mère de trois enfants dispose d’environ 18 heures.
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