La froide magnificence des parcs à la française n'eut pas que des
admirateurs. Marie-Josèphe de Saxe, qui ne s'embarrassait guère de périphrases, affirmait que « l'on s'y ennuie à crever »
Dès 1714, Pope, l’inspirateur des « jardinistes » britanniques, se passionne pour un nouvel art des jardins, plus respectueux de la nature, moins guindé et plus pittoresque; celui-là même qui fera dire à un grand seigneur français qui parcourait la campagne du sud de l'Angleterre : « La maison est posée au milieu d'un pré, »
En fait, loin d'être une trouée dans la campagne comme l'est Versailles, le jardin anglais se fond dans le paysage, prenant même soin de dissimuler ses limites aux regards. Ainsi, les immenses domaines qui entourent Londres sont-ils bordés de fossés si imprévisibles qu'ils
seront dénommés « haha », simple traduction phonétique des exclamations du promeneur surpris...
Le jardin à l’anglaise se veut pittoresque et, pour cela, joue savamment avec la nature, la modifiant selon la mode du temps. Or, en cette fin du xvme siècle, on aime les décors qui incitent à la rêverie et à la mélancolie : fausses ruines et temples imités de l'antique, grottes et cascades,
En France, ce nouveau genre éclipsera pour un temps le classicisme du règne de Louis XIV. À l'étiquette rigide, on préfère les plaisirs bucoliques. C'est ainsi qu’à Versailles, la reine Marie-Antoinette fait construire le Petit Trianon qui témoigne d'une fantaisie toute nouvelle et du désir de se rapprocher de la natures, même si celle-ci est encore très arrangée et embellie.
Avec les jardins à la française et à l'anglaise, auxquels s’ajoutent des influences de Chine et du Japon, les grands styles de l'art des jardins sont définitivement fixés. Désormais, on se réclamera de l'un ou de l'autre, parfois même des deux.
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