Tous les terrains ne sont pas également fertiles : un grand nombre d'éléments entrent en jeu pour donner au sol les
propriétés rendant possible une culture productive.
Un jardinier doit donc estimer les qualités de son jardin. Dans ce domaine, l'observation de l'environnement est indispensable : l'examen de la végétation sauvage donne une indication précieuse de la fertilité naturelle des lieux. De même, l'analyse d'une motte de terre prélevée sur le terrain éclaire le jardinier sur la qualité du sol.
Les composants du sol
Le sol se compose, en proportions variables, de sable, de calcaire, d'argile et d'humus.
Le sable. C'est un élément amorphe qui intervient comme conducteur de l'air et de l'eau dont le sol a besoin.
Le calcaire. Il joue un rôle plus actif : sur le plan chimique, en modifiant l'acidité du sol; sur le plan physique, en laissant passer l'air et l'eau. Cependant, à la différence du sable, le calcaire est soluble et donc instable : il peut aussi bien être absorbé par les racines des plantes que dissout et entraîné dans le sous-sol par les eaux de ruissellement.
L’argile. C'est un élément essentiel dans la constitution d'un sol, car elle renferme des atomes d’oxygène, d’alumine et de silicium et participe à la cohésion du sol.
L’humus. Matière transitoire entre les éléments organiques végétaux et les sels minéraux, l’humus joue un rôle capital dans la fertilité du
sol. Chaque année, un centième de sa masse se décompose en éléments chimiques simples : azote et carbone pour l’essentiel. Il est nécessaire de connaître la valeur en humus d’un sol, afin d’en renouveler constamment le stock disponible et de préserver ainsi l’équilibre général de la fertilité.
Le complexe absorbant. L’humus, associé à l’argile dont il diminue la compacité, constitue, sous l’influence du calcaire, ce que l’on appelle le « complexe absorbant » ou « complexe argilo-humique », qui seul est capable de fixer les éléments nécessaires à la vie et à la croissance des plantes.
Les éléments fertilisants
La formule magique des terres fertiles est un mélange d'azote, de phosphore, de potasse et de calcium. Ces quatre éléments, indispensables à la nourriture des végétaux, doivent être renouvelés sans cesse, à mesure qu'ils sont absorbés par les plantes.
De façon schématique, le calcium se rencontre dans les sols calcaires, la potasse dans la terre argileuse et l'azote dans les sols humifères. En fait, les quatre éléments sont présents dans tous les sols, mais une terre pauvre n'a pas le pouvoir de les retenir : seul le complexe absorbant est capable de les fixer.
L’analyse du sol
La connaissance des proportions de sable, de calcaire, d'àrgile et d'humus entrant dans la composition d'un sol permet d'estimer ses qualités physiques et de déterminer les compléments à lui apporter pour lui assurer une fertilité satisfaisante. Seule une analyse peut donner une idée précise de l’état d’un sol. On prélèvera un échantillon de terre, sur une profondeur suffisante, que l’on fera parvenir à un laboratoire spécialisé. Les amateurs trouveront dans le commerce des trousses d'analyse qui donnent une bonne approximation de l'état des sols.
La terre franche. Les quatre composants du sol existent rarement en proportions parfaitement équilibrées,; à savoir :
• de 65 à 70 % de sable;
• de 10 à 15 % de calcaire;
• de 8 à 10 % d'argile ;
• moins de 5 % d'humus.
Dans ce cas, relativement exceptionnel' on dit que la terre est franche. Une terre franche est un atout majeur pour obtenir un beau jardin, car les micro-organismes qui participent à la fertilité y trouvent des conditions idéales pour se multiplier : air, humidité et substances nutritives.
La terre légère ou siliceuse. On dit
que la terre est « légère » quand elle possède un excès de sable qui ne peut retenir l'eau et la rend inconsistante.
Les sols siliceux sont friables et manquent de compacité ; leur aspect est terne et grisâtre Facilement traversés par l'eau, ils se desséChent très vite, À l’état sauvage, on y trouve le genêt, le mouron, la fougère et la bruyère.
La terre lourde ou argileuse. La
terre est « lourde » si l’argile prédomine (plus de 55 %). Elle est alors compacte et peu perméable aux eaux d'arrosage.
|Les sols argileux ont un aspect luisant. Pétris avec de l’eau, ils forment une sorte de colle. Par temps de pluie, de nombreuses flaques d’eau apparaissent sur la surface du terrain. La flore spontanée des sols argileux regroupe bouton d’or, renoncule, chicorée sauvage et tussilage.
la terre alcaline. La terre est « alcaline » quand le çalcaire est trop abondant. Une végétation aux feuil-les jaunies peut en être l’indice. Les sols alcalins, parfois blanchâtres, collent légèrement aux doigts quand ils sont humides et se dessèchent très rapidement sous le soleil. Ils sont le terrain d’élection du coquelicot, du bleuet, de la camomille et de la sauge.
la terre acide ou humifère L’excès d'humus (plus de 10 %) donne une terre « acide ».
Les sols humifères, de couleur foncée, sont relativement meubles et retiennent l’eau. Leur flore spontanée est la grande oseille, la bruyère, la prèle, le colchique.
Les types de sol
En pédologie, on détermine une douzaine de types de sol qui possèdent tous leurs particularités et leurs exigences.
Les sols alluviaux. Il s’agit des traces de cours d’eau disparus ou ayant régressé. S’il se trouve que ces rivières asséchées ont charrié
des alluvions calcaires et argileuses, les sols sont éminemment propices à la culture, aussi bien florale que fruitière ou potagère. Les éléments siliceux présents conviennent particulièrement aux arbres.- fruitiers, à condition que la terre soit travaillée assez profondément pour éparpiller les particules. Il arrive que les sols alluviaux recouvrent une nappe phréatique (nappe d’eau souterraine qui alimente sine source). Dans ce cas, ce sont: de bons terrains pour les prairies.
Les sols sur roches éruptives. ils
sont acides et peu profonds : la roche mère est à 50 cm environ de la surface.
À condition d'être sérieusement amendés en calcaire et en produits alcalins, ces terrains peuvent être propices à une bonne culturel- Toutefois, les arbres ne s'y plaisent guère, honnis les. espèces robustes,« de plein vent », dont les racines vont chercher leur nourriture très loin dans les fractures de la roche.
Les sols sur remblais. Ils peuvent être le résultat d'un phénomène naturel (éboulement, par exemple) ou artificiel (travaux humains). Les sols sur remblais n’ont guère de qualités propres et requièrent souvent beaucoup de temps et de moyens pour être mis en culture : en particulier, ils nécessitent de forts apports de matières correcti-ves. Au moment de l’achat d'un terrain, il est prudent de s’informer •auprès de la mairie pour s’assurer qu’il n’occupe pas l’emplacement d'une ancienne décharge. S’il s’agit d'un lotissement, il faudra vérifier que déblais des fondations et débris de toutes sortes n'ont pas été déversés sur la surface réservée aux jardins.
Les sols d’érosion. Ils ne se rencontrent guère qu'en montagne. Leur teneur importante en humus les rend extrêmement vulnérables à la sécheresse.
Les sols de colluvion. On les trouve au pied des reliefs où ils ont été entraînés par les eaux, en couches successives. Ils sont naturellement irrigués par les eaux de ruissellement et, pourvu qu’ils soient bien exposés, sont extrêmement propices à la création de belles cultures.
Les rendzines. Ce sont des couches végétales de faible épaisseur reposant sur des roches calcaires. Elles sont alcalines, caillouteuses, donc assez peu fertiles. Les rendzines peuvent cependant être cultivées à condition d'être enrichies chaque
année d'importantes fumures minérales. Si l'on ne tente pas d’y planter pêchers ou poiriers, elles donnent des jardins très convenables et des vergers productifs.
Les sols à pseudo-gley. Ils recouvrent une nappe d’eau souterraine stagnante, résultant d'une certaine imperméabilité du sous-sol. La croissance spontanée de la bourdaine les signale aux regards. Ce sont des sols qu’il faut drainer en période humide et arroser pendant la belle saison.
Les sols à gley. Ils reposent sur une couche d’eau stagnante, permanente, qui remonte parfois à la surface, Il n'y a rien à en tirer.
Les sols bruns. Ils sont le siège d’une intense activité biologique. Leur richesse en oxyde de fer leur donne une coloration brune très caractéristique. Légèrement acides, ils conviennent parfaitement à la culture des fleurs, à condition d’être soigneusement ameublis pour favoriser l’écoulement de l’eau.
Les podzols. Ce sont des sols pauvres qui recouvrent une roche mère de sable et de grès. Ils nécessitent un important enrichissement en tourbe et en fumier de vache, un amendement organique annuel et un arrosage constant.
Les sols sur limon. Composés de fines particules entraînées par les eaux, ils sont très propices à la culture et conviennent parfaitement à l’exploitation des arbres fruitiers.
La terra-rossa. Cette terre est typique des régions méditerranéennes. Riche en composés ferrugineux,elle est en général peu fertile et ne convient guère qu'à la culture de la vigne. Pourtant, bien travaillée et enrichie d'engrais et de terreaux acides, elle peut donner des jardins potagers et floraux ainsi que des arbres fruitiers (exception faite du pêcher et du poirier).
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