Comment ça marche cinématographe

L'ancêtre du cinématographe a été le phénakistiscope, imaginé en 1832 par le physicien belge Joseph Plateau : c'était un cylindre tournant percé de fentes, à l'intérieur duquel on plaçait une bande de papier sur laquelle était représenté un personnage ou un animal dans les différentes phases de son mouvement, un oiseau, par exemple, battant des ailes. Le cylindre étant mis en rotation rapide, la suite des

images aperçues à travers les fentes défilait devant l'œil et donnait l'illusion du mouvement grâce au phénomène de la persistance des sensations optiques pendant un bref instant : l'œil faisait entre elles le « raccord » — n'ayant pas le temps d'effacer et d'oublier l'image précédente quand la suivante apparaissait.

Étape suivante : en 1872, le gouverneur de la Californie choisit un photographe américain, Muybridge, pour arbitre d'un pari de 25 000 dollars où il avait soutenu qu'un cheval au galop à un moment donné ne touche plus le sol d'aucun de ses sabots ; ce que Muybridge prouva grâce à une séquence photographique prise par une batterie de douze appareils automatiquement actionnés au passage du cheval.

Le grand physiologiste français Jules Marey devait perfectionner le procédé de Muybridge avec son fusil chronophoto-graphique, suggéré par le revolver astronomique de Janssen. C'est l'analyse du mouvement qui intéressait Marey. Mais il suffisait de projeter sur un écran, à raison de douze au minimum par seconde, la série des images prises au moyen de son « fusil » pour en obtenir la synthèse sous le regard.

De là au cinéma proprement dit, il restait à trouver un mécanisme qui ferait avancer la pellicule par saccades aussi bien pendant la prise de vues qu'en cours de projection.

Ce fut ici l'œuvre de Louis Lumière (1864-1948) qui mit au point un ingénieux mécanisme interrompant périodiquement le déroulement du film et comportant un obturateur, indispensable dans la camera et dans le projecteur, auquel il donnera bientôt la forme d'une croix de Malte. Ainsi pourront être tournés puis projetés en public les premiers films du monde : La Sortie des ouvriers de l'usine Lumière, L'Arrivée du train en gare de La Ciotat, L’Arroseur arrosé...