HAIES, ALLÉES ET ÉLÉMENTS DE DÉCOR - LES ALLÉES, ÉLÉMENT ESTHÉTIQUE

Dans les grands jardins classiques, les allées jouent un rôle important : elles soulignent la perspective et donnent ainsi plus
d'ampleur encore aux proportions majestueuses de l'ensemble. Loin de ces avenues recouvertes de gravillons, l'influence anglaise a imposé des allées sinueuses, proches des sentiers forestiers, et quasi invisibles dans le
paysage naturel qu’aspire à reconstituer le jardin anglais... Mais où sont les domaines d’antan ?

En se rétrécissant, l'espace dévolu aux jardins d'aujourd'hui a donné aux allées un caractère strictement utilitaire : permettre aux visiteurs d'aller d'un point à un autre. D'où, naguère encore, ces allées tirées au cordeau, soigneusement gravil-lonnées, bordées parfois de plots de ciment ou d'arceaux de fonte, qui donnaient au jardin l'aspect d'une cour de caserne.
Depuis quelques années, des dallages de toutes sortes et des revêtements colorés ont peu à peu remplacé les gravillons, tandis que les allées se faisaient moins rectilignes et s’ourlaient de bordures végétales.

Le tracé des allées

Hormis pour les propriétés de très grande surface, les allées gagnent à épouser les lignes souples du paysage, sans pour autant devenir serpentines, ce qui, en général, est parfaitement ridicule. S’il est nécessaire que les chemins respectent le tracé et la configuration générale du jardin, le risque est cependant qu’ils deviennent un carcan pour la composition végétale.

Dans la pratique, on distinguera deux sortes d’allées, ou plutôt on concevra différemment les allées qui ont un caractère à la fois utilitaire et esthétique, des chemins de service dont la fonction est de faciliter le déplacement du jardinier — et des divers engins de jardinage — sans avoir de rôle décoratif à jouer de surcroît.

Première règle à observer dans un jardin moderne : moins il y aura d’allées, plus le jardin gardera son côté naturel... et moins vous aurez de travaux d’entretien fastidieux à exécuter régulièrement. Car une allée doit être constamment désherbée, rechargée en sable ou en gravillon, ratissée, etc.

Les allées sont donc les grands axes de circulation du jardin : de la porte d’entrée à la maison — et au garage —, de la maison au potager et au verger, de la maison aux aires de jeux ou de repos, terrasses, bosquets, etc.


La largeur des allées doit être strictement proportionnelle à la taille du jardin et de la maison. Une large allée partant d’un portail pour aboutir à une maison de petites dimensions aura pour double effet « d’effacer » la composition végétale qui l’entoure et de rendre les proportions de la maison encore plus médiocres. Aussi, quand le garage se trouve en façade, comme souvent dans les maisons modernes, vaut-il mieux dédoubler les chemins : l’un, dallé, de moins de 2 m de large, réservé à la voiture, et l’autre, sablé ou gravillonné, au Cheminement
des piétons. Le premier sera évidemment plus direct que l’autre qui pourra former une courbe avant d’atteindre la maison.

De plus en plus, pour diminuer l’impact visuel des allées dans un petit jardin, on utilise des chemins gazonnés qui sont en fait des dallages non jointifs traversant un gazon ou une prairie sans en rompre la continuité.
Modifier le tracé d’une allée

Si vous n’avez pas la chance de pouvoir créer votre jardin de toutes pièces, il se peut que vous vous trouviez devant un problème délicat : déplacer le tracé d’une allée traversant une pelouse. Pour le nouveau tracé, pas de difficultés particulières, mais pour « gommer » la trace de l’allée précédente, il vous faudra du travail, du temps et de la patience.

En effet, une fois le terrain supportant l’allée soigneusement défoncé, préparé, enrichi, vous sèmerez le gazon ou la prairie correspondant aux espèces herbacées qui constituent la pelouse alentour. Si vous voyez, lors de la repousse, l’ex-alléë se dessiner à travers la pelouse, ne vous découragez pas. .Griffez de nouveau le tracé ancien et semez un nouveau gazon. Tout rentrera dans l’ordre l’année suivante, surtout si vous aidez la repousse du nouveau tapis en donnant au sol un enrichissement supplémentaire.

On peut éviter cette longue attente en changeant complètement le sol de l’ancienne allée. Il faut pour cela enlever la terre sur 50 cm de profondeur, bien drainer le fond avec un lit de gravier et remplacer la terre enlevée par une bonne terre végétale légèrement enrichie. Vous éviterez ainsi des différences de couleurs entre nouveau gazon et ancien, mais au prix de beaucoup de travail et d’argent.

Construire une allée

Pour tracer une allée, il faut en premier lieu matérialiser son parcours sur le terrain en plantant de petits piquets à intervalles réguliers, mais plus rapprochés dans les courbes. Après un nivellement général du terrain, on creuse l’allée en fonction de l’usage auquel on la destine : 20 cm de profondeur pour un chemin piéton, 50 cm pour une allée carrossable. Dans tous les cas, il faut bien vérifier la planéité du fond de la tranchée, puis déposer une « couche de fond », faite de cailloux ou de mâchefer. Les vides de ce soubassement seront comblés avec du sable de rivière et l’ensemble sera fortement tassé avec un rouleau. Au-dessus de cette couche, on disposera un matériau relativement fin, mélange de
petits cailloux et de sable ou de terre fine, puis, en surface, on épan-dra le matériau de finition, sable trié ou gravier, sur quelques centimètres d’épaisseur. Si l’allée est destinée à border une pelouse, elle devra être un peu plus basse que celle-ci afin de permettre une coupe franche des bordures.

Les dallages

Différents matériaux peuvent servir à la fabrication des dallages : ardoises, pierre sciée, bois, brique, etc. On choisira la couleur du dallage en fonction de la composition végétale, en évitant, toutefois, les dalles d’un blanc cru, sensibles aux mousses parasites qui leur donnent vite un aspect négligé et les rendent glissantes. Le blanc est également à proscrire dans la mesure où il domine beaucoup trop les couleurs des végétaux environnants.

Pour poser un dallage, il faut d’abord pratiquer une tranchée, comme pour une allée, mais en ne creusant que sur 20 cm. Dans les courbes, les bordures doivent être maintenues par des planches ou des tuiles, afin d’éviter les effondrements de terre. Au fond de la tranchée, on dispose un lit de pierres cassées que l’on arrose légèrement pour que ce « hérisson » s’incruste bien dans le sol.

On répand ensuite une couche de sable grossier mélangé à du mâche-
fer de l’épaisseur approximative des dalles à poser. Cette sous-couche doit être nivellée avec beaucoup de soin : en long, en large, en diagonale, de sorte que le lit de sable soit parfaitement plan.

On prépare alors un mortier de sable que l’on étale en très faible épaisseur entre la sous-couche et les dalles. Cette trame est destinée à garantir la stabilité du dallage.

On pose les dalles sur le mortier frais en s’aidant d’un maillet, pour bien assurer la jointure entre le dallage et le mortier de fixation. Enfin, pour combler les joints entre les dalles, on a le choix entre deux solutions : ou bien tasser de la terre mêlée d’un peu de terreau ensemencé de sagine, ou bien combler les interstices par un joint de ciment, en ayant soin que celui-ci soit en creux et non en relief.
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